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10 questions sur la prématurité
Chaque année, près de 56 000 nouveau-nés viennent au monde avant terme. Quelles sont les causes de cette prématurité ? Pourrait-elle parfois être évitée ?<o:p></o:p>
<o:p></o:p>7% des bébés naissent avant terme.<o:p></o:p>
Aujourd'hui, en France, 7 % des bébés naissent avant terme. Un chiffre en légère hausse puisqu'on en comptait seulement 6 % en 1995. De plus, chaque année, plus de mille nouveau-nés sont considérés comme grands ou très grands prématurés. Nos deux spécialistes analysent les causes de la prématurité, reviennent sur quelques idées reçues et font le point sur les dernières recherches. <o:p></o:p>
Quand les médecins parlent-ils de prématurité<o:p></o:p>
Un bébé est considéré comme prématuré quand il vient au monde avant huit mois de grossesse révolus (ou 37 semaines d'aménorrhée, à partir du premier jour des dernières règles) Mais les médecins distinguent les grands prématurés, nés avant sept mois de grossesse (32e semaine d'aménorrhée), et les très grands prématurés, nés avant six mois de grossesse (28e semaine d'aménorrhée). Plus la naissance est précoce, plus les risques de séquelles augmentent, notamment sur les plans respiratoire et neurologique. De nos jours, heureusement, les services de néonatalogie prennent de mieux en mieux en charge ces nourrissons qui naissent trop tôt. <o:p></o:p>
Comment expliquer ce phénomène ?<o:p></o:p>
Dans la moitié des cas, les accouchements prématurés sont provoqués volontairement pour des raisons médicales. Le dépistage des pathologies liées à la grossesse ayant fait de grands progrès, ce sont ceux qui augmentent le plus. Pour les cas restants, les accouchements prématurés sont spontanés. Parmi ces derniers, 15 % proviennent de grossesses multiples et 5 % de malformations utérines. Restent 80 % de cas pour lesquels les médecins n'ont pas d'explications. Ils ne peuvent que formuler des hypothèses et poursuivre des recherches pour en savoir davantage. <o:p></o:p>
Dans quels cas provoque-t-on un accouchement avant terme ?<o:p></o:p>
On prend cette décision parce que la santé de la maman ou du bébé est en danger. Plusieurs raisons à cela : la mère souffre d'une hypertension très sévère, et la poursuite de la grossesse peut provoquer une éclampsie (sorte de crise d'épilepsie généralisée qui se traduit par des convulsions). Ou bien elle est diabétique, et son taux de sucre dans le sang est mal équilibré : la quantité de liquide amniotique augmente, le bébé risque de grossir et d'être lui-même en péril. Il arrive aussi que le bébé souffre d'un retard de croissance intra-utérin quand les échanges nutritionnels avec le placenta se font mal. Face à ces situations, les gynécologues-obstétriciens sont parfois amenés à provoquer un accouchement : malgré les risques liés à la prématurité, ils considèrent que la naissance du bébé est la meilleure solution. <o:p></o:p>
Pourquoi les jumeaux et triplés naissent-ils souvent prématurément ?<o:p></o:p>
L'utérus est plus distendu - c'est logique -, ce qui entraîne des contractions, une ouverture prématurée du col de l'utérus ainsi qu'une rupture précoce des membranes. On le sait, l'augmentation des grossesses multiples est la conséquence d'un recours beaucoup plus fréquent aux techniques de procréations médicalement assistées (PMA). Afin de limiter les risques d'accouchement prématuré dus aux grossesses multiples, les gynécologues-obstétriciens limitent désormais le nombre d'embryons transférés in utero après une fécondation in vitro. De plus, quand une stimulation ovarienne est nécessaire, les médecins ne déclenchent l'ovulation que si l'ovaire n'abrite qu'un seul follicule (et non plusieurs comme cela arrive parfois à la suite de ces traitements). Avec un seul ovule libéré, en effet, le risque de grossesse multiple est infime. <o:p></o:p>
Quelles sont les autres causes connues ?<o:p></o:p>
Quelques milliers de futures mamans souffrent d'une malformation utérine provoquée par le Distilbène, un médicament pris par leurs mères lorsqu'elles étaient enceintes. Censé prévenir les fausses couches, il a été interdit en France en 1977 par les autorités sanitaires. Reste qu'une proportion non négligeable de celles que l'on appelle désormais « les filles Distilbène » ne parvient pas à mener une grossesse à terme. Parmi les autres causes connues : des malformations utérines (sans rapport avec le Distilbène) ou une béance du col de l'utérus (celui-ci s'ouvre prématurément et ne joue plus son rôle de verrou). Enfin, il arrive qu'une quantité trop importante de liquide amniotique, ou hydramnios, provoque une augmentation du volume utérin et entraîne un accouchement prématuré. <o:p></o:p>
On accuse souvent des conditions de vie difficiles. Quel rôle jouent-elles vraiment ?<o:p></o:p>
Tout dépend de ce que l'on entend par « conditions de vie difficile » ! En effet, pendant des années, on a pensé que l'on pouvait prévenir la prématurité en réduisant les temps de transport, en évitant les longs trajets en voiture, en demandant aux femmes qui travaillent debout de faire des pauses prolongées. Mais le lien de cause à effet n'a jamais été démontré. En réalité, le risque de prématurité augmente chez les femmes dont les conditions de vie sont réellement très dures : un milieu social défavorisé, des enfants en bas âge à la maison, un appartement situé au cinquième étage sans ascenseur, un métier exténuant avec des horaires décalés, un temps de travail bien supérieur à trente-cinq heures, des trajets quotidiens de plusieurs heures, etc. C'est la multiplication et la permanence de plusieurs de ces contraintes qui constituent un risque important !<o:p></o:p>
Le tabac et l'alcool constituent-ils un risque supplémentaire ?<o:p></o:p>
L'alcool est responsable de bien des méfaits pendant la grossesse (malformations, syndrome d'alcoolisation ftale), mais pas des naissances avant terme. Quant au tabac, rien ne prouve qu'il ait une incidence sur la prématurité spontanée ! Ne pas boire d'alcool et arrêter de fumer est de toute façon fortement recommandé aux futures mamans, on le sait, mais certainement pas dans le but de prévenir un accouchement prématuré. <o:p></o:p>
Les infections ont-elles une part de responsabilité ?<o:p></o:p>
Parmi les pistes étudiées aujourd'hui par les gynécologues-obstétriciens, c'est de loin l'hypothèse la plus sérieuse. Qu'elles se situent au niveau des dents, des voies urinaires ou du vagin, les infections se traduisent toutes par une inflammation qui pourrait être à l'origine d'un certain nombre de naissances prématurées. Aujourd'hui, les médecins n'ont pas encore la preuve de cette responsabilité et ne connaissent pas précisément le mécanisme en jeu. <o:p></o:p>
Où en sont les recherches aujourd'hui ?<o:p></o:p>
L'équipe du Pr Damien Subtil, au CHU Jeanne-de-Flandre à Lille, vient de lancer une vaste enquête (Premeva) auprès de 3 600 femmes du Nord-Pas-de-Calais. L'objectif : vérifier si certaines infections ont réellement une part de responsabilité dans la prématurité. Si cette hypothèse se confirme- les résultats sont attendus pour 2009 - le dépistage des infections en cause sera amélioré et la prescription d'antibiotiques préviendra une partie des accouchements prématurés. <o:p></o:p>
Alors, peut-on vraiment prévenir la prématurité ?<o:p></o:p>
Honnêtement non ! Méfions-nous des idées reçues et des affirmations un peu faciles : si une mauvaise hygiène dentaire est suspectée de favoriser les accouchements avant terme, rien ne prouve qu'un bon suivi réduirait de façon significative le nombre d'accouchements prématurés. Bien sûr, il vaut mieux vivre sa grossesse sereinement, être suivie par un gynécologue-obstétricien ou une sage-femme afin de faire tous les examens nécessaires, éviter alcool et cigarettes et consulter son dentiste. Mais c'est une règle valable pour toutes les femmes enceintes, antécédents de prématurité ou pas ! <o:p></o:p>